L’Université du bien commun à Paris
En juin 2017, à l’issue de deux réunions de fondation à l’établissement culturel solidaire 100 ECS, la création de l’Université du bien commun à Paris à été actée par ses initiateurs et ses fondateurs.
Les objectfs
Produire de la connaissance :
> explorer les champs des communs et des biens communs matériels, immatériels et du vivant à travers différentes approches et savoirs, historiques et contemporains.
> transmettre, diffuser et valoriser leurs principes et la diversité des pratiques qui en découlent, indispensables à des modèles de société solidaires, équitables et émancipateurs.
Concevoir et développer des activités et des outils de recherche/ sensibilisation/ formation à destination de tous les publics. L’Université édite et diffuse le corpus produit par ses activités (papier, vidéo, radio, web…) dans le but de faire connaître les réalités que recoupent les biens communs et les enjeux sociaux corrélés aux niveaux local, territorial, national et mondial. L’usage de ces ressources ne peut donner lieu à aucune forme de marchandisation ou d’exclusivité.
Valoriser les apports théoriques et pédagogiques qui accompagnent les initiatives de terrain, dans une logique d’action et d’apprentissage par l’expérience.
Favoriser les convergences des acteurs travaillant sur les biens communs, en leur permettant de croiser leurs expertises, dans tous les domaines où ils opèrent.
Accompagner le changement d’imaginaire pour évoluer d’une économie de la prédation vers une économie de la relation, permettant de produire et de partager des connaissances utiles, relatives aux biens communs matériels et immatériels.
(1) Riccardo Petrella est politologue et économiste, docteur en Sciences politiques et sociales, et docteur honoris causa de huit universités, en Suède, Danemark, Belgique, Canada, France et Argentine et professeur émérite de l’Université catholique de Louvain (Belgique). Il est président de l’Institut européen de recherche sur la politique de l’eau (IERPE) à Bruxelles (www.ierpe.eu) et président des l’Universités du bien commun à Anvers (Belgique) et à Sezano (VR-Italie). De 1978 à 1994, il a dirigé le département FAST- Forecasting and Assessment in Science and Technology – à la Commission de la Communauté européenne, à Bruxelles. En 1991, il a créé le groupe de Lisbonne, composé d’universitaires, dirigeants d’entreprises, journalistes et responsables culturels, pour promouvoir des analyses critiques des formes actuelles de la mondialisation. A l’origine du Contrat Mondial pour l’Eau, il a été président de l’Aqueduc de la région des Pouilles (Italie), en 2005-2006. Ses prises de position contre la marchandisation du monde, pour la défense du bien commun, contre la privatisation des ressources vitales (l’eau en particulier), en font une des figures emblématiques de l’altermondialisme. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’économie et les biens communs.
Thématiques
1 - Communs et bien communs abordés lors des sessions de l'Université :
Les biens communs publics mondiaux (et nationaux) : eau, forêts, air, biodiversité, semences paysannes, biopiraterie et brevetage du vivant, droits de la nature, biens communs sociaux (rôle de l'état et constitutionnalisation), la Res publica, technologies, la santé, connaissance et droits de propriété intellectuelle.
Autres thématiques : Numérique (logiciels libres et accès à la connaissance), travail et commun, tiers-espaces, histoire des biens communs, le commun et la Relation, territoires et communs, culture et communs, agroécologie urbaine et péri-urbaine, autosuffisance alimentaire...
2 - Recensement et spécification générales des communs et biens communs au plan mondial, national et local
Un bien commun est une ressource essentielle et non substituable, matérielle ou immatérielle, nécessaire à la vie d’une communauté, quelle qu’en soit l’échelle : du foyer, du quartier, de la ville à l’humanité tout entière. On peut définir comme commun l’organisation autogouvernée de la gestion de cette ressource par la communauté, en réglant son usage de manière à la protéger et à la pérenniser. Nous usions jadis en commun du four banal, de certaines forêts ou des prés communaux, pour ne citer que des communs à l’échelle municipale. A grande échelle, citons l’eau, l’air, les logiciels libres, l’accès à la connaissance, à la santé, l’usage des semences paysannes et de la propriété foncière, des forêts, le logement, l’économie et la finance solidaires.
Le concept de l’Université du bien commun a été développé initialement par Riccardo Petrella, qui défend la nécessité de reconnaître le bien commun et les biens communs, depuis la rédaction de son ouvrage Le Bien commun, éloge de la solidarité, en 1996. (1) L’université du bien commun revendique l’utopie comme postulat et un changement de société comme objectif.
À propos de l’utopie, le philosophe Edouard Glissant disait : « Je vous mets au défi de citer aucun changement majeur dans l’histoire de l’humanité qui n’ait à sa source une utopie ». Entendez donc par utopie : vision du devenir, créativité, ambition collective, pragmatisme, pugnacité, audace, et vous aurez ainsi une compréhension plus claire d’un terme trop souvent perçu comme une rêverie oiseuse ; alors que, en philosophie politique l’utopie est fondatrice car elle se réfère au monde réel où agir pour le transformer. En politique, l’utopie engage en effet à une vision à long terme de la résolution des problèmes du monde.
Nous nous accordons tous sur l’existence des biens privés ou publics : celle des biens communs est tout autant indispensable à l’humanité. Une position de plus en plus confirmée et partagée dans le monde, puisque le 29 août 2016, lors du Congrès géologique international, les scientifiques réunis au Cap (Afrique du Sud) déclarent que le passage à l’anthropocène, l’« ère de l’homme », c’est-à-dire la sur-influence de l’activité humaine sur l’évolution de la biosphère, et la crise environnementale ainsi générée, ne pourra être surmontée sans l’avènement de nouvelles politiques qui reconnaissent que tout individu ou collectifs doivent pouvoir accéder aux biens communs et en disposer librement.
Un principe fondateur de l’Université du bien commun est de considérer la connaissance comme un bien commun et public. Personne ne peut en revendiquer la propriété à titre privé. Elle n’est pas une marchandise dont on fait commerce, que l’on formate ou que l’on confisque pour en spolier autrui ou exercer un pouvoir sur lui. La connaissance et l’éducation ne sauraient faire non plus l’objet de rivalités, ni être soumises à la compétitivité et à l’exclusion par l’économique. Le droit de propriété intellectuelle et les brevets sur le vivant ont été notamment les derniers avatars de la concrétisation de ce phénomène, ces quarante dernières années.
Les modèles de développement de nos sociétés, à l’aune de la globalisation, ont engendré des avancées comme des reculs, en termes de culture, d’altruisme, d’éducation, d’information et de créativité. Pour que les femmes et les hommes retrouvent une identité empreinte d’humanité, dans le respect de l’autre et du vivant, et qu’ils ne subissent pas une déshumanisation insidieuse ou une forme de déculturation par le fait même d’être coupés des biens communs, il nous apparaît essentiel d’encourager toute initiative visant à habiliter la liberté de la connaissance.
Apparaît dès lors la nécessité de changer d’imaginaire, de passer d’une économie de la prédation et de l’auto-prédation à une économie de la relation entre les ressources, les biens et le vivant.
Aujourd’hui, sous la pression de la crise écologique et climatique, de la transformation numérique et du constat de l’épuisement des modèles économiques dominants, des actions et engagements en faveur des communs font à nouveau émerger un champ démocratique qui dépasse le clivage public/privé, à ces divers niveaux : municipal, notamment avec les communs urbains et péri-urbains, territorial, national et mondial, pour la gestion collective des ressources de la planète, des technologies, des connaissances, biens communs matériels et immatériels.
Un certain nombre d’innovations sont également aux avant-postes en la matière, indiquant des directions de l’évolution vers le commun municipal :
Fonctionnement de l'Université
Les activités de l’université du bien commun à Paris sont fondées sur la co-construction et destinées à tous les publics. Le principe d’une co-construction des interventions est également fondateur. Des pédagogies en découlent et/ou sont inventées.
L’Université n’a pas de chaire ni de professeur attitré permanent. Les intervenant.e.s, bénévoles, sont des spécialistes des sujets étudiés, dont certains de grand renom : universitaires, chercheurs, intellectuels, élus, mais aussi acteurs de terrains.
L’Université est itinérante et est accueillie dans des lieux divers, principalement à Paris mais elle intervient ponctuellement sur d’autres territoires, en France et à l’étranger.
Elle opère dans la logique de la production de connaissances, de la transmission de savoirs et d’expériences socialement fondatrices et indispensables à des modèles de société équitables et solidaires.
Espace est donné à la nécessité de définir et de qualifier les champs des communs et des biens communs matériels, immatériels et du vivant, de valoriser leurs principes et leurs pratiques, en favorisant le débat, sans exclure la controverse.
L’Université conçoit, mène, développe et promeut des activités de formation, notamment à destination de publics peu familiers des réalités que recoupent les biens communs, aux plans général et spécifique. Elle fait œuvre de transmission de savoirs existants et de production de nouvelles connaissances, à partir de ses travaux, et accueille la diversité des approches dans un esprit tout à la fois de de recherche, de délibération et de transmission, notamment par des actions de formation et de vulgarisation. L’université peut produire, éditer et diffuser les résultats de ses activités sur tous supports : éditions papier, vidéo, radio, web.
A l’encontre des pratiques de la culture de la compétition, l’inclusion de la jeunesse dans ce processus d’éducation populaire autour des biens communs, est un objectif majeur de l’Université.
Axes méthodologiques
Diverses approches permettent d’explorer les champs concernés par les biens communs :
• Approche pragmatique des communs : législation, mode locaux et globaux de gouvernement et d’appropriation des communs, protocoles de résolution – technologiques, numériques, juridiques, scientifiques, du vivant… ;
• Approches philosophique, humaniste, anthropologique et artistique des biens communs, aux échelles locale et/ou mondiale, car les conceptions et les pratiques des communs et des biens communs ne sont pas homogènes en tous points du monde ;
• Approches spécifiques des biens matériels ou immatériels, ou relatives au vivant, et également actions et/ou mobilisations à visée militante ;
• Interdépendance entre exercice de la citoyenneté et biens communs. Il ne saurait y avoir en effet de biens communs sans engagement citoyen. La dimension sociale préside à l’appréhension des biens communs.
Les thématiques développées au sein de l’Université sont plurielles, et privilégient une approche holistique, en évitant tout excès d’ultra-spécialisation des biens communs entraînant leur banalisation. L’apport théorique et pédagogique accompagne les expériences de terrain dans une logique d’action et d’apprentissage par l’expérience. « Toute action est connaissance et toute connaissance est action », disait Francisco Varela.
Dans ce sens, l’Université :
• valorise les phénomènes de viralité des communs impulsés par des actions militantes, et leurs effets de levier sur les pouvoirs centralisés : entreprise, politique… ;
• débat de ce qui devrait être déclaré bien commun public mondial au plan constitutionnel et juridique (par exemple l’eau, les forêts, les brevets sur le vivant… et traité comme tel, aux échelles locale et mondiale ;
• prend la mesure des luttes et de la défense des biens communs en France et dans le monde, à différentes périodes de l’histoire depuis l’Antiquité et à travers des contextes territoriaux et socio-économiques méconnus, et les enjeux de la réémergence des biens communs depuis quelques décennies. Il est important de célébrer le chemin déjà parcouru ;
• valorise ce qui est déjà mis en commun dans nos sociétés (santé, éducation, protection sociale, politiques de logements, d’aménagement…), pour renouer la confiance des individus dans son évolution.
Les interventions publiques
Les moments publics de l’Université se déclinent en divers formats : ateliers, conférences, projections, débats, moments festifs, expositions, ou toute initiative, dans la sphère publique, pouvant contribuer à la réalisation de l’objet de l’Université.
Pour accéder au descriptif de l’ensemble des sessions cliquez ici et pour accéder à la listes des intervenant.e.s cliquez ici.
Les interventions publiques peuvent déboucher sur des publications, la participation à des émissions radiophoniques, télévisuelles et toutes autres formes et supports de production et de diffusion.
Pour accéder à l’audiothèque et à la vidéothèque allez sur la page de nos medias
Les membres de l'université
L’Université est composée de ses initiateurs, des fondateurs et des membres associés. Un comité de pilotage en oriente les activités.
• Initiateurs et fondateurs
En 2017 les initiateurs Riccardo Petrella, Frédéric de Beauvoir et Cristina Bertelli – avec Yovan Gilles et la revue Les périphériques vous parlent ont invité, lors de deux réunions, des personnes et des structures qui ont adhéré et participé à la fondation de l’Université pour une grande partie d’entre elles.
Etaient présent.e.s : Anne Douvin (architecte/urbaniste) ; Anthony Laurent et Edouard V. Piely (Sciences Critiques) ; Bruno Lamour et Annie Flexer (collectif Roosevelt Paris) ; Claire Dehove (WOS/agence des Hypothèses) ; Corinne Ducrey et Malika Person (Festival Chemin faisant / pouvoir citoyen en marche) ; Elizabeth Auclair (Université de Cergy-Pontoise) ; Frédéric Sultan (Remix the commons) ; Emmanuelle Veil (Le journal minimal) ; Emmanuel Poilane (France Libertés) ; Hervé Defalvard (chaire de l’ESS-UPEM) ; Joseph Sangiorgio (Coopaname) ; Jean-Pascal Durumier (spécialiste du management de l’innovation) ; Jérôme Wauschel et Pablo Marticorrea (Université populaire du pays basque) ; Joao Caraça (Kallouste Gulbenkian foundation) ; Jonathan Keller (Savoirs.com) ; Miguel Angel Nunez, David Flacher et Denis Vicherat (mouvement Utopia) ; Marc Ridel (détecteur, connecteur) ; Patrick Farbiaz (Semaine anticoloniale) ; Thierry Linck, Pierre Dagallier et Michel Augé (Université du vivant) ; Florence Durand-Tornare (Villes internet) ; Violaine Hacker (Common Good Forum) ; Vincent Glenn (Coopérative D.H.R).
• Les membres associé·e·s
Des membres rejoignent régulièrement l’Université du bien commun, certains s’impliquent dans des actions ponctuelles et spécifiques ou apportent leurs suggestions et compétences. D’autres interviennent ou organisent des sessions.
• Le comité de pilotage (COPIL)
Cristina Bertelli
(Initiatrice/Fondatrice)
Indira Bonvini
(Membre associée)
Claire Dehove
(Fondatrice)
Jean Pascal Derumier
(Fondateur)
Corinne Ducrey
(Fondatrice)
Annie Flexer
(Fondatrice)